
Pour certains, les fêtes de Pâques sont l’occasion de communier à l’église. Pour d’autres, c’est une belle occasion de se régaler de bons petits plats et d’œufs en chocolat. Mais pour le vin, et plus particulièrement dans le Beaujolais, « faire ses Pâques » a une toute autre signification. Cette expression ancienne, bien connue des gens du cru, signifie simplement qu’il faut attendre le printemps pour mettre le vin en bouteilles. Petite explication…
Le temps de la filtration
Autrefois, les vignerons ne disposaient pas des moyens modernes de filtration des vins. Après la fermentation, les vins étaient placés dans des fûts pour mûrir et devaient se clarifier naturellement, par dépôt des matières en suspension. Il était alors impensable de mettre les vins en bouteilles seulement quelques semaines après les vendanges, comme c’est aujourd’hui le cas pour les primeurs. Laisser passer les longs mois d’hiver était indispensable, en particulier pour donner le temps au tartre, présent dans le vin, de se déposer au fond des cuves, grâce à l’action du froid.
Bien sûr, aujourd’hui, il existe différentes techniques qui permettent de provoquer cette stabilisation tartrique et les vins ne sont plus, à proprement parler, tributaires du froid hivernal pour être « bien élevés ».
Néanmoins, cette attente obligatoire de quelques mois perdure, car la clarification n’est pas la seule raison pour laquelle les anciens attendaient Pâques pour mettre leurs vins en bouteilles.
Le temps de l’affinage
C’est, en effet, durant les longs mois d’élevage passés dans les cuves ou dans les fûts de chêne, que la structure des vins se déploie et que leur gamme aromatique se développe. On parle alors d’affinage.
Dans le cas d’un élevage sur fût, c’est aussi à ce moment-là que les tanins du bois se mêlent aux tanins du vin et lui confèrent sa patine.
Au sortir de l’hiver, quand arrivent les fêtes de Pâques, le vin a gagné en complexité, en souplesse et en équilibre. Il est prêt à être mis en bouteilles pour être dégusté, ou pour vieillir s’il s’agit d’un vin de garde.
Les Muscadets aussi font leurs Pâques
L’expression « faire des Pâques » est typique du vignoble beaujolais, et tout particulièrement du secteur des crus où les vins ont besoin de plus de temps d’affinage pour devenir des vins de garde. Cependant, les vignerons du Beaujolais ne
sont pas les seuls à faire référence à cette fête religieuse pour parler de leurs vins.
En effet, à Nantes aussi, certains vins doivent faire leurs Pâques. Plus particulièrement le « Muscadet sur lie ».
Contrairement à l’usage pour la plupart des vins, ce Muscadet n’est pas séparé de ses lies lors de l’élevage. Il n’est mis en bouteilles qu’à Pâques, lorsqu’il a tiré le meill
eur de ces dépôts. Il gagne, en effet, de ce contact prolongé avec les lies, une légère effervescence. On dit alors de lui qu’il est « perlant ».
Quant à savoir quel vin boire à Pâques, c’est un autre sujet ! Nous en parlerons peut-être dans un prochain article. En attendant, nous pouvons d’ores et déjà vous affirmer qu’un Fleurie est un excellent choix. En effet, l'élégance et la rondeur du Fleurie tranchent et équilibrent la puissance et le sucre du chocolat.
Ne nous croyez pas sur parole, goûtez !
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